Éditorial du journal J75

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Cher Ami… Chers Amis
Qu’une année passe vite !
Le froid de l’hiver s’éloigne à peine que déjà les journées se sont allongées, dilatées tant qu’elles paraissent vouloir gommer les nuits
Solstice d’été… Et oui ! On en a parlé, on en parle et on en reparlera encore.
Bien évidemment, la mécanique nous est connue, nous ne sommes plus à l’époque des sphères de cristal et (J’allais dire « Grâce à dieu » … impardonnable lapsus) on ne brûle plus pour hérésie, ceux qui ont vu que la terre n’est pas le centre de l’univers.
Elle tourne, tout le monde le sait aujourd’hui.
Bien sûr le moment est symbolique parce que l’on peut voir en lui le signe d’une alternance perpétuelle entre le plus et le moins, le plus haut et le plus bas, le plus chaud et le plus froid… mais plus prosaïquement, cet instant précis est un pan de la charnière qui articule nos jours, nos mois, nos années.
Chaque matin sonne le début d’une nouvelle journée qui connaîtra le zénith du soleil autour de midi et qui s’achèvera lorsque beaucoup d’entre nous dormiront déjà.
Ainsi en va-t-il aussi des années qui naissent dans la nuit longue de l’hiver et qui trouveront leur apogée dans les midis pleins du mois de juin avant de voir pâlir le soleil couchant, tomber les feuilles et s’endormir la nature entière comme si elle devait ne plus se réveiller.
Avons-nous pensé que la vie dont nous voudrions qu’elle soit la nôtre commence elle aussi dans la nuit de l’utérus maternel, qu’elle s’investit en nous pour nous conduire jusqu’à notre plein épanouissement… et qu’il est un temps où il serait juste de se dire que nous n’échapperons pas à la règle, que la sinusoïde poursuivra son voyage alors que pour nous, le point zéro sera la seule actualité.
Vieillir serait sans doute plus doux si nous décidions de ne plus nous mentir à nous-mêmes en cachant avec obsession la moindre ride, le moindre signe qui pourrait nous rappeler que notre ascension vers le midi plein de la vie est révolue.
Les cheveux qui se teintent d’argent sont comme les feuilles qui se parent de mille couleurs de l’automne…
Et puis… ils sont si beaux, si vrais, ces doigts noueux qui ont connu tant de zéniths, qui tremblent en tenant cette feuille et qui acceptent avec sérénité que pour eux, le soir arrive doucement.
Pourtant mon Ami, la soirée peut encore être longue et douce.
Prenons plaisir à admirer ces témoins qu’apporte le grand âge et regardons-les comme autant d’images qui racontent une vie bien menée.

Avec toute mon affection

Francis