Editorial J68 – mai juin 2014

 

«   Mon Ami,

 

J’aimerais que nous parlions de cette petite maison dont nous rêvions il y a bien des années. Nous étions à peine sortis de l’enfance et c’était le temps des cabanes en rameaux de noisetiers que l’on tressait dans les taillis à l’orée du bois.

« Lorsque nous serons grands, nous en bâtirons une vraie » Nous nous l’étions promis, notre engagement de gosse a résisté au temps.

Te souviens-tu de nos réflexions :   « Il faudra qu’elle s’accorde avec le paysage et qu’elle soit belle comme nous aimerions que soit tout ce qui nous entoure »

Quels idéalistes nous étions !

Et pourtant… nous sommes arrivés à tenir nos promesses.

L’horizon là-bas, au-delà de la vallée légèrement en contrebas nous a servi de guide pour niveler les fondations. Des pierres traînaient là, qu’on avait oubliées à l’entrée de la vieille carrière et nous avons tenté comme nous pouvions, de les rendre compatibles entre elles pour construire des murs bien droits.

Mais il nous fallait aussi un guide fiable. Les grands bouleaux qui habitaient déjà l’endroit plongeaient bas leurs racines dans la terre et s’élançaient vers la lumière du soleil. Nous avons trouvé qu’il serait bien que nos murs en fassent autant.

Après, il y a eu la couverture et les aménagements. Des amis nous ont aidés avec dévouement et aujourd’hui, il est bien rare que quelque promeneur en quête de calme ne s’arrête… quelquefois perdu dans ses réflexions.

D’autres fois, des connaissances nous rejoignent et nous partageons des agapes autour d’une table en discutant d’événements actuels préoccupants pour l’homme.

Notre bonheur serait total si depuis quelques temps, je n’étais poursuivi par cette idée que le temps passe et nous altère.

Que serons-nous dans dix ou quinze ans ? Peut-être l’un de nous sera-t-il plus nerveux, plus intransigeant ….  Peut-être l’autre sera-t-il devenu plus susceptible ou plus tatillon … peut-être même, aurons-nous perdu en route, une partie de nos beaux et grands principes.

Mon Ami, ne prenons pas le risque qu’un jour ce témoignage concret de notre vieille amitié s’étiole voire s’écroule.  Essayons dès maintenant de conjurer le risque de la mésentente. Promettons-nous mutuellement, si tu le veux bien, de cultiver toujours la plus amicale et la plus grande des franchises.

N’attendons pas avant de nous parler, ne laissons pas la moindre petite frustration se développer grandir et devenir de la rancœur ou de l’acrimonie si dévastatrices.

Et si de gros nuages traversaient malgré tout notre ciel, je te promets quant à moi de ne jamais partir sans fermer la porte derrière moi, sans même t’accorder la grâce d’une explication, fût-elle la dernière.

Voilà mon Ami ! je me sens déjà plus léger car la confiance que j’ai en toi me rassure, je sais que nos préoccupations sont les mêmes.

 

Bien à toi. »

 

 

Mes Amis,

 

Pourquoi cette lettre imaginaire ?

Elle m’est venue d’une réflexion au cours de laquelle j’ai pensé que se retrouver à deux, à dix ou à cent ne faisait pas de grosses différences pour autant que notre projet laïque intègre aux tout premiers rangs, la liberté, la solidarité, l’égalité.

Pour réaliser cet ensemble, il est indispensable c’est vrai, que nous soyions différents… En conséquence, pour que l’harmonie soit possible, il faut aussi que chacune, chacun soit en questionnement et toujours à la recherche d’autres vis-à-vis desquels il pourra témoigner de sa réelle volonté d’égalité et de solidarité.

Ainsi, cet endroit où nous aimons nous retrouver, ressemble assez bien à la maison dont il est question puisqu’il n’existe que par notre volonté commune.

C’est ainsi que se construit au jour le jour, notre Maison de la Laïcité.

 

                                                                       Francis.

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