Editorial J73

Cher Ami,

Comme moi, tu auras remarqué que les événements dramatiques des dernières semaines ont ramené la laïcité au premier plan des discussions, déclarations, débats… j’en passe.
On a tout entendu…. à son propos… du moins ce à quoi l’on pouvait s’attendre.
Quoi qu’il ait été, toutes ces périphrases autour du sujet m’ont interpellé et je suis retourné consulter le dictionnaire à propos de la définition.
Que signifie donc le mot « Laïcité » ?
J’en suis resté à ce point perplexe qu’il m’a paru indispensable de développer une définition qu’en tant que laïque, j’ai estimé fort lacunaire.
En effet, si l’on considère que la laïcité est avant tout politique et qu’une loi votée il y a plus d’un siècle suffit à rendre un état définitivement laïque, alors tout est dit et je me tais à jamais.
Que l’on sépare par des mesures législatives, les affaires qui lui appartiennent de celles des différentes églises ou associations confessionnelles, respectant ainsi la stricte définition du premier dictionnaire venu, soit !
Mais il me semble néanmoins, qu’un état authentiquement laïque devrait en outre, – je souhaite et j’espère qu’il en est ainsi – s’assigner pour mission de préserver ses citoyens, particulièrement les plus jeunes, contre toute forme d’asservissement moral ou spirituel que celui-ci soit d’origine religieuse, morale ou éducationnelle.
Si ce n’était le cas, rien ne pourrait empêcher – la chose est prouvée – l’éventualité de se retrouver avec nonante huit pour cent de convertis à toutes sortes de dogmes imposés, les deux pour cent restants longeant les murs par crainte de passer pour des impies.
Un assureur vous expliquerait mieux que moi combien la peur de l’incendie, du vol ou de l’accident peut aider les cordons de la bourse à se délier, encore que dans ce cas, le risque soit mesurable, tangible et éventuellement indemnisé.
Mais que dire alors des peurs métaphysiques de l’homme devant les grandes questions qui le dépassent ?
Au cours des dernières semaines, le respect de l’autre et la tolérance auront été au cœur de toutes les proclamations.
C’en était émouvant et il y aurait eu lieu de s’en réjouir si d’une part, ils n’avaient été brandis comme des devoirs citoyens auxquels il n’est pas acceptable de se soustraire ; d’autre part, si ces beaux principes auxquels nous adhérons nous aussi, avaient été accompagnés d’un mode d’emploi, d’une recette et si tous les ingrédients avaient été posés sur le plan de travail.
Or, manquaient à l’appel, bien des valeurs qu’il est vain d’arborer si elles ne sont cultivées patiemment, au jour le jour, comme des fleurs fragiles qui finiront par s’épanouir dans un jardin de paix, bien au-delà des vérités immuables.
Tu l’auras compris, mon Ami, il s’agit bien ici de l’amitié, la solidarité, l’accueil, la disponibilité, la bienveillance… et bien d’autres.
Le petit jardin est au bout de notre route, elle n’est pas toujours aisée mais le voyage vaut certainement la peine d’être tenté
Bien à toi.

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