Éditorial J77

Chères Amies, Chers Amis,logo 1
Ce soir, j’aurais voulu dénoncer le rôle trop important
aujourd’hui de la richesse opulente et
des pouvoirs démesurés qu’elle confère.
Je viens en effet, de lire des propos, hélas avérés,
qui m’ont rempli d’amertume envers une
humanité avide et impitoyable à laquelle j’appartiens
bien-sûr… même si cela devait être « à
mon corps défendant ».
C’est vrai : sans faire preuve de mesquinerie
envieuse et revendicatrice, il est impensable
qu’un seul homme gagne en un an, un montant
égal au produit national d’une nation de
quelques millions d’êtres… Nous en reparlerons…
Il est tard.
Sans doute est-ce pour venir à mon secours
que la rêverie m’a entraîné loin de mes considérations…
bien peu enclines à la sérénité.
Au fil de mes pensées, il m’est revenu qu’aucun
des moments de bonheur qui ont parsemé ma
vie et dont je garde des souvenirs attendris, n’a
été lié à l’argent ou la possession.
Comme moi sans doute, as-tu quelquefois l’impression
de revivre ne fût-ce que de manière
fugace, certains de ces instants privilégiés où
seules la gratuité, l’insouciance et la générosité
avaient droit de cité : une cloche qui tinte à
la fin de juin dans le préau de l’école… augurant
deux longs mois prometteurs d’aventures
au bord de la rivière, les parfums de l’humus
qu’exhale le petit sentier de terre cicatrisée
par les bienfaits de l’orage… et la chaleur des
après-midis d’été adoucie par les grands saules
à l’ombre bienfaisante, refuge de nos premiers
émois d’adolescents, habités que nous étions
par ce sentiment inconnu qui n’était plus de
l’amitié et pourtant pas encore de l’amour…
et puis aussi ce besoin de tendresse que les
parents ne pouvaient plus nous donner et que
nous recherchions et partagions elles et nous,
comme des déshérités incompris…
Elles étaient belles, nous étions beaux, ce
temps-là était beau… ces temps-là étaient
beaux qui nous apportaient des petits bonheurs
tout simples.
Ils sont autant de morceaux de notre vie, toujours
présents, toujours émouvants, enchanteurs…
Il nous suffit de les appeler et ils sont
là… Et nous ressentons, aujourd’hui comme
hier, les émotions qui ont construit au jour le
jour, notre vie d’adulte.
Qui pourrait nous empêcher, aujourd’hui encore,
de les attendre, de les espérer, ceux-là qui
échappaient d’eux-mêmes à toute forme de
mode, de conventions, de conditionnements ?
Voilà mon Ami, nous reparlerons des injustices
de notre époque, elles sont criantes, mais je n’ai
pas eu aujourd’hui, le cœur de les appréhender.
La sérénité retrouvée sera bien nécessaire au
moment où nous en parlerons.
Francis