Editorial J86


Chères Amies et Amis,
Dommage ! … Qu’il faille toujours saisir le moment
propice pour aborder des sujets qui
mettent face à face, l’homme et son « Humanité
»… Dommage qu’en dehors de ces instants,
l’indifférence soit si souvent présente lorsqu’il
s’agit d’un « autre part »
L’horreur vient une nouvelle fois de prouver
qu’elle n’a rien d’extraordinaire dans l’existence
des hommes.
Des enfants sont morts dans d’atroces souffrances…
devant des parents atterrés, crevant
d’impuissance, de douleur et de chagrin, suppliant
le destin , le visage plein de larmes… de
leur laisser un délai, fût-il minime, une dernière
chance de voir encore leur petit sourire… ne
fût-ce qu’un instant.
Je ne veux pas savoir qui, quand, où, comment,
pourquoi.
Je ne veux pas savoir si cette manière-là est
pire, plus ou moins douloureuse, je ne veux
pas savoir si les petits étaient blancs, noirs ou
jaunes, si leurs parents étaient méchants ou
gentils, civilisés, croyants, athées…
Il ne peut pas y avoir d’excuses, d’explications…
pas plus que les autres fois quand on enrôlait
les petits pour en faire des soldats-tueurs et
qu’on les droguait pour les envoyer à la mort,
pas plus que quand on bombardait au napalm,
pas plus qu’il y a cent ans dans les tranchées
des bords de l’Yser, pas plus que pour justifier
la présence de « gamins » dans les blindés de
l’hiver 44… Pas plus…
L’homme n’en finit pas de détruire physiquement,
moralement, affectivement les seuls représentants
de son espèce qui pourraient peutêtre
le racheter : « Le peuple des enfants »…
celui qu’il n’a jamais pu reconnaître que comme
étant des « apprentis de sa race ».
Une fois pour toutes, qu’on les laisse vivre,
grandir, découvrir, se civiliser sans leur infliger
en cours de route, les polluants mentaux, moraux,
sociaux qui ont fait de nous ce que nous
sommes devenus…
Et cessons de nous prendre pour leurs modèles !
Confession.
Je t’ai vue, déposer ton enfant sur le sol.
Il ne regardait plus, il ne répondait plus…
Il ne respirait plus.
Pourtant, tu l’as bordé.
Doucement, tu as rassemblé
Ses petites jambes maigres et les as recouvertes,
Comme s’il allait dormir, et puis sourire encore
Et jouer, et chanter, et t’aimer….
Et de honte… j’ai pleuré.
Comment n’ai-je su voir Petit, que tu étais mon
Frère
Avant que tu ne meures de mon indifférence ?
Que de force perdue !
Que de beauté gâchée !
Et quelle froide lumière, que celle de la raison
Qui a permis qu’un jour,
S’interrompe le cycle au profond du nadir,
Que des âmes martyres errent à rebrousse-temps !
Francis Cornet