J67 éditorial

 

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Cher Amie, Cher Ami,

Lors de notre dîner du 19 janvier dernier, notre Présidente nous a engagés à réfléchir sur une question qui devrait nous obséder, nous, laïques : Est-ce possible que des hommes, affament sciemment des populations entières (Et y compris les femmes et les enfants) pour le seul profit de quelque société financière qui les rétribue grassement à la seule condition qu’ils restent rentables, (Entendons : « Que les capitaux qu’ils génèrent soient en progression continue)

Nous nous étions promis d’en reparler.

Bien sûr, nous ne changerons pas la face du monde.  Et alors ?

Que cela ne nous empêche pas d’avoir des réflexions inspirées par les valeurs auxquelles nous croyons : La liberté de conscience, l’égalité, le respect mutuel, la solidarité !

Reprenons donc depuis le début, au temps du troc par exemple.

Que des hommes amenés à vivre ensemble s’entendent sur la valeur de tel ou tel service, de telle ou telle marchandise afin de pouvoir procéder à un échange direct, voilà un bel exemple de solidarité voire d’égalité.

Mais… Si cela peut se concevoir dans des groupes restreints, on imagine mal des sociétés de plusieurs millions d’individus, pratiquer un tel type de commerce.

Le principe d’une monnaie d’échange s’avérait donc efficace, elle a fait ses preuves.

« Qu’est-ce alors, qui n’a pas marché ? Comment se fait-il que des monceaux d’argent se soient retrouvés aux mains de certains alors que d’autres en manquent cruellement ? »  Demanderait le naïf de service.

Car poser cette question c’est en même temps répondre qu’une monnaie d’échange qui ne reflète plus la valeur des choses ou des services n’est devenu rien moins qu’un moyen sûr de prendre de l’ascendant.

Autrement dit : Cet argent là n’a plus de vocation à acquérir quoi que ce soit, son seul objet étant de se multiplier à l’infini.

Le petit capital (de monnaie d’échange) que le bon gestionnaire arrivait à constituer par les économies et l’épargne est devenu bien maigre en regard de ceux que la spéculation peut produire.

Ainsi, au début du XXème siècle, on a vu  de véritables fortunes s’échafauder rien que par l’achat judicieux de quelques … « droits de participation aux bénéfices des charbonnages » autrement dit : « actions »

Il était donc devenu possible de gagner de l’argent avec de l’argent, on pouvait donc devenir riche en restant inactif.

En attendant, Il fallait bien quelqu’un pour extraire le charbon.

« Ce n’est pas très moral » dira-t-on et pourtant… le pire était à venir. L’achat et la vente de ces actions devenait si complexe que des gens en ont fait leur profession : ce sont les traders. Leur savoir-faire : la spéculation. Il s’agit pour eux, d’acheter et de vendre le plus vite possible, en fonction de la cote des titres.

La bourse s’est encore compliquée, l’informatique permet aujourd’hui de traiter plusieurs milliers d’affaires en une seconde.

La monnaie d’échange ne fait plus partie du vocabulaire, l’argent lui-même a été jugé « produit trop volatile » par certains traders acculés par les résultats attendus, pour être encore considéré comme valeur d’échange fiable…

La suite, vous la connaissez : le nouveau produit, ce sont les céréales produites par de pauvres paysans d’Afrique ou d’Asie.

Et il en faut beaucoup de céréales, il en faut des montagnes, il faut même acheter et stocker les récoltes entières pour pouvoir se donner la puissance de faire chuter les prix.

Et on le sait que ces pauvres populations vont vivre des famines, on le sait qu’ils finiront par s’entretuer pour manger le peu qu’ils auront pu garder…… Mais on le fait quand même.

Où est l’Homme dont nous rêvons.

Alors aujourd’hui… Bien tristement à toi.

                                                                                              Francis.